Une réunion d’information avec les membres du Conseil exécutif sur le changement climatique et le développement durable a été organisée le mardi 9 décembre en salle X. Cette réunion était organisée dans le cadre de la série de rencontres prévue par la décision du Conseil exécutif sur « l’UNESCO à 70 ans et perspectives d’avenir » (décision 194 EX/31).

Les invités d’honneur lors de ce débat étaient :

  • M. Carlos A. NOBRE (Brésil), Secrétaire national pour la recherche et les politiques de développement ;
  • Mme Susan AVERY (Etats-Unis d’Amérique), Présidente et Directrice de l’Institut Océanographique Woods Hole

Discours d’introduction du Président du Conseil Exécutif :

Dans son discours d’ouverture, le président du Conseil a fait remarquer que cette réunion avait lieu concomitamment à la COP 20 qui se tient cette année au Brésil, et a rappelé que la COP 21 serait accueillie par la France l’année prochaine. Il  a ensuite mentionné le 5ème rapport d’évaluation publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui déclare que «  Le réchauffement climatique (...) et les changements observés sont sans précédents (...). L'atmosphère et l'océan se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, et le niveau de la mer a augmenté.» Le Président a déclaré qu’il était ainsi « fort probable » que ces changements soient dus à l’augmentation de l’émission des gazs à effet de serre résultant de l'activité humaine. Il a alerté l’auditoire du fait que si le changement climatique continuait dans cette voie, notre objectif commun, c’est-à-dire la mise en place d’un développement durable, ne serait pas atteinte. Il a ensuite fait remarquer que grâce à ses compétences uniques dans les secteurs des sciences, de l’éducation, de la culture, de la communication et de l’information, l’Unesco était particulièrement à même de d’agir dans le domaine du changement climatique et du développement durable. En effet, les programmes de L’Unesco couvrent bien les domaines de la politique et de la science. Notre organisation peut ainsi être un acteur clé dans la diffusion au public des connaissances relatives au traitement des océans et à l’énergie renouvelable, des connaissances  traditionnelles et autochtones,  ainsi que dans l'éducation au développement durable.

 

Discours de Monsieur D’Orville au nom de la DG :  

Monsieur d’Orville a pris la parole au nom de notre DG, Madame Irina Bokova. Il a tout d’abord rappelé la mise en place par le Secrétaire général des Nations Unies d’un Conseil scientifique consultatif, crée dans le but de renforcer les liens entre sciences et politique. Il réunit des scientifiques de renommée internationale et servira de référence mondiale pour ce qui est de l'amélioration des liens entre science et politiques publiques. Il s’agit du premier organisme mis en place pour influencer l’action de la communauté internationale en matière de développement durable et d’éradication de la pauvreté. Ce conseil se réunit deux fois par an, et un rapport de synthèse (Eng) a été publié la semaine dernière.  Dans ce contexte, les troisièmes et quatrième réunions d’information au sujet des « Sciences et du Développement durable » de ce mardi 9 décembre viennent à point nommé. Elles pourront également permettre d’affuter les opinions du Conseil Consultatif. Monsieur D’Orville a finalement souligné la nécessité de renforcer  la communication et la confiance entre les scientifiques et les politiques. Ainsi, certains domaines politiques pourraient bénéficier des contributions scientifiques, et ce au service du développement durable.

 

Présentation de Monsieur Nobre, Scientifique et Secrétaire Général au Ministère des Sciences et de la Technologie :  

Monsieur Nobre a tout d’abord souligné la nécessité vitale de préserver la forêt amazonienne pour l'humanité. Il a déclaré que la période Anthropocène est celle de la domination de l’Homme sur la Planète, le climat et l’environnement, ce qui présente un risque pour l'écosystème amazonien. D’autant plus que ce risque est capital pour l’ensemble de la planète car  la forêt amazonienne permet le maintien du cycle normal du carbone, ainsi que la régulation du climat. Or, au cours du siècle dernier, le développement intensif de l’agriculture en Amazonie a débouché sur des incendies et des destructions de forêts. Sur cette même période, les phénomènes de sécheresses et d’inondations ont atteint des niveaux record. Ces variations climatiques pourraient être des signes annonciateurs du réchauffement climatique. Monsieur Nobre a néanmoins fait remarquer que les phénomènes responsables de ces changements climatiques étaient d’origine anthropologique, mais aussi naturelle. Ainsi, même si la déforestation était éradiquée dans les pays tropicaux, leurs forêts seraient tout de mêmes victimes du réchauffement climatique.  Il a tout de même fait observer que les politiques il visant à réduire la déforestation en Amazonie portaient leurs fruits, et que certaines cultures ancestrales, comme la culture de l’Açaî, étaient encore utilisées aujourd’hui, et étaient rentables tout en respectant la forêt. Il a appelé l’auditoire à réfléchir sur le genre d’Amazone que nous voulons pour l'avenir. Ce serait évidemment un Amazone ou le développement durable l’emporte sur la fragmentation. Il a appelé à une mobilisation pour que soit mise en place, grâce aux apports de la science et de la technologie, une Amazone durable. Monsieur Nobre a finalement fait remarquer que les scientifiques devaient modifier la façon dont ils produisaient des données scientifiques, et que ces données devaient être le fruit d’un travail commun, à la fois des scientifiques et des politiques.

 Présentation de Susan Avery, Présidente et Directrice de l’Institut Océanographique de Woods Hole

Lors de sa présentation, Madame Susan Avery a mis l’accent sur l’importance capitale de l’océan, qui doit être préservé pour la survie de notre planète. Elle a souligné les liens entre l’atmosphère et l’océan, deux entités indissociables et complémentaires et qui peut être comparée à une « danse de deux systèmes bleus ». Ce lien est notamment dû au fait que l’océan et l’atmosphère opèrent des échanges de chaleur, d’humidité, d’éléments nutritifs et de propriétés biogéochimiques entre eux. Par leurs actions, les Hommes viennent modifier cet échange, cette chorégraphie. C’est ainsi que l’océan, qui a une grande capacité de stockage de chaleur, est venu se réchauffer, ce qui débouche sur une fonte des glaciers, la hausse du niveau de mer, mais aussi sur une augmentation du C02 dans l’atmosphère et une diminution du Ph des océans. En conclusion, elle a posé certaines questions fondamentales : « Comment pouvons-nous gérer l'empreinte humaine, qui est croissante, dans l'océan ? Que protégeons-nous et pourquoi ? Comment pouvons- nous prévoir les modifications apportées à notre écosystème ? Comment nourrir une population croissante ? Comment pouvons-nous gérer l'approvisionnement en eau  et en énergie pour l’ensemble de la planète? Comment pouvons-nous développer une économie bleue qui viendrait coexister avec un océan en bonne santé? Comment les nouvelles technologies peuvent-elles fournir des données au service d’une économie bleue ? »

Session de Questions / Réponses :

S’est ensuite tenue une session de questions-réponses.
Tout d’abord, le délégué de la France a tenu à rappeler l’organisation par la France de quatre grands évènements dans le domaine du changement climatique : le sommet des entreprises en mai 2015, la conférence sur les océans, organisée en coopération avec la délégation de Monaco en juin 2015, la réunion de la communauté scientifique en juillet 2015 et le forum des jeunes consacré à la lutte contre le changement climatique.

 Ensuite, les délégués sont intervenus au sujet des principaux points suivants :

Le rôle des populations autochtones dans la préservation de la nature (Equateur, Gabon)

En mentionnant l’exemple de certaines plantes médicinales utilisées ancestralement au Gabon, l’Ambassadrice a déploré la perte des connaissances des communautés autochtones.


Madame Avery a affirmé que la mobilisation des communautés à des niveaux régionaux était une réponse particulièrement importante dans la lutte contre le changement climatique.

Les résultats des Conférences sur le Changement Climatique :
La délégué de l’Equateur a pris la parole pour souligner la nécessité d’intégrer les résultats de la COP 20 dans l’agenda pour l’après 2015 de l’UNESCO.

Les délégués du Tchad et du Pakistan se sont interrogés sur les résultats concrets de la COP 21 : « Face aux nombreux sommets organisés, la COP 21 ne serait-elle pas simplement un sommet de plus ? » (Tchad), « Est-il réaliste de penser que la COP 21 va déboucher sur des éléments concrets et positifs ? » (Pakistan)

La situation des pays qui subissent les plus lourdes conséquences du changement climatique :

Le délégué des Philippines est intervenu pour relater les catastrophes naturelles subies par son pays, et notamment les deux typhons qui ont touché les côtes des Philippines cette année et l’an dernier. Il a  déploré le fait que des pays vulnérables comme le sien soient exposés de façon disproportionnée aux conséquences du changement climatique, alors même que ce sont ceux qui y ont le moins contribué.

Le professeur Nobre a approuvé cette remarque et a expliqué la proposition qui avait été émise à Lima, qui consisterait en ce que les pays apportent un financement qui soit proportionnel à leur responsabilité.

Le rôle de l’éducation dans le développement durable :


Le délégué de l’Italie a pris la parole pour déclarer que l’éducation au développement durable devait être une priorité pour les gouvernements.
Madame Avery a affirmé qu’en effet, l’éducation devait jouer un rôle essentiel dans ce domaine, et elle a déclaré se réjouir de la passion qu’elle observait chez ses étudiants en Sciences, qui prenaient conscience de l’utilité directe et immédiate de leurs recherches.